Le Pape, Obamamet le Proche-Orient
11/05/2009
L'éditorial
de Pierre Rousselin.
Le pape
Benoît XVI n'a pas choisi au hasard la date de son
voyage en Terre sainte. Dans quelques semaines, tout indique que les fondations seront jetées pour une reprise du processus de paix.
Après des débuts hésitants, le moment est venu pour Barack Obama de plonger
dans un dossier qui a occupé tous les présidents des États-Unis. Lundi prochain, le premier ministre
israélien, Benyamin Nétanyahou,
sera reçu à la Maison-Blanche.
On ne peut imaginer de moment plus crucial dans les relations entre les deux
pays que cette rencontre entre un président américain dont le père était musulman,
décidé à faire la paix avec
le monde arabe, et un dirigeant
israélien opposé à la
solution des deux États.
L'appel explicite du Saint-Père, à son arrivée à l'aéroport Ben-Gourion, en faveur de la coexistence des deux
peuples «dans des frontières sûres et internationalement reconnues» ne pouvait donc être
plus opportun.
La machine diplomatique de la Maison-Blanche
se met en place. Premier dirigeant de la région à avoir eu l'honneur d'être reçu à Washington, le roi Abdallah de Jordanie en a dévoilé les grands axes. Il s'agit de s'appuyer sur le plan de paix arabe, proposé par l'Arabie saoudite en 2002 et prévoyant une normalisation
collective avec Israël, en échange
de la création d'un État palestinien dans les territoires occupés en 1967 et
d'un accord sur le sort des réfugiés
palestiniens.
Le roi
de Jordanie laisse entrevoir des discussions parallèles
entre Israël, d'une part,
et, d'autre part, les Palestiniens,
la Syrie et le Liban.
Au Caire
le 4 juin - dix jours avant les élections présidentielles iraniennes -, Barack Obama prononcera
son discours tant attendu au monde musulman. On s'attend à ce qu'il
précise à cette occasion
son plan de paix pour la région
et convoque, peut-être, une conférence
internationale dès cet été.
Les préparatifs
ont commencé la semaine dernière avec les déclarations du vice-président,
Joe Biden, appelant Israël
à arrêter la colonisation
et à démanteler les avant-postes
illégaux en Cisjordanie. La
création d'un État palestinien sera «activement recherchée» parce qu'elle est considérée
par cette Administration comme
un objectif d'intérêt
national pour les États-Unis. Qu'il
le veuille ou non, le gouvernement israélien devra en tenir compte.
Toujours la semaine dernière, des émissaires du département d'État et de la Maison-Blanche étaient à Damas, pour la deuxième fois en moins de deux mois, en vue
de faciliter la contribution syrienne
à une reprise du processus
de paix.
L'annonce du voyage présidentiel au Caire, alors qu'aucune
étape israélienne n'est prévue, confirme
que la Maison-Blanche va mettre la pression
sur le gouvernement Nétanyahou.
Israël fait valoir que des concessions sur le
dossier palestinien ne seront
possibles qu'une fois neutralisée la menace nucléaire iranienne. Mais Washington retourne l'argument : « Faites un geste vis-à-vis des Palestiniens
et nous pourrons mieux mobiliser le monde arabe contre la bombe iranienne.»
Nous en sommes
là. Les quelques semaines à venir diront si Obama a une chance d'entraîner Nétanyahou sur le chemin de la paix.