La «puissance intelligente» de Hillary Clinton

 

L'éditorial de Pierre Rousselin du 14 janvier.

 

C'était un premier test pour la conduite des affaires du monde par Barack Obama. Devant les sénateurs, Hillary Clinton a fait, mardi, la démonstration de l'utilité qu'il y avait pour le nouveau président de disposer à la tête de sa diplomatie d'une personnalité aussi prestigieuse que l'ancienne First Lady.

 

Hillary Clinton sera aisément confirmée par ses pairs en tant que secrétaire d'État, comme l'exige la Constitution. Peut-être le sera-t-elle le jour même de l'investiture du président, mardi prochain.

 

Le soin qu'elle avait pris à préparer son audition, sa connaissance des dossiers, son autorité naturelle ont fait merveille.

 

À voir sa capacité à résumer en deux mots simples et percutants, «puissance intelligente», le nouveau rôle auquel aspirent les États-Unis dans le monde, on se demande si elle ne viendra pas, un jour, à faire de l'ombre à Barack Obama.

 

En tout cas, la logique qui a conduit à sa nomination s'impose désormais à tous. En choisissant son ancienne rivale, contre qui il s'était tant battu pendant les primaires, Obama neutralise peut-être une figure du Parti démocrate, mais, surtout, le prochain président prouve sa capacité à tendre la main à ses adversaires.

 

En lui confiant le département d'État, il désigne la vraie rupture qu'il marque avec l'Administration sortante. La diplomatie ne sera plus un outil parmi d'autres, plutôt contraint que recherché. Elle sera, au contraire, au cœur de l'action de la nouvelle présidence et, par conséquent, devait être confiée à une personnalité hors du commun.

 

Cela s'impose parce que - la transition l'a montré - Barack Obama va se consacrer, d'abord et avant tout, aux affaires intérieures. La crise économique est d'une telle gravité que les Américains ne comprendraient pas qu'il se disperse en prétendant refaire le monde.

 

N'oublions pas que tout président des États-Unis a pour priorité absolue, en pénétrant à la Maison-Blanche, d'assurer sa réélection quatre ans après.

 

Obama ne déroge pas à la règle. Les circonstances font qu'il y est même plus sensible que d'autres. Avant même d'entamer son premier mandat, on l'a vu se mettre en campagne pour que son plan de relance ne tarde pas trop à entrer dans les faits et puisse donc porter ses fruits à temps.

 

Hillary Clinton aura-t-elle pour autant une grande liberté d'action ? On peut en douter. En politicien averti, formé à l'école exigeante de Chicago, Barack Obama s'est entouré d'une garde rapprochée de fidèles à la loyauté éprouvée. Les décisions qui comptent ne seront pas prises au département d'État mais à la Maison-Blanche.

 

La diplomatie est de retour à Washington. Cela va vite se faire sentir. Le ton va changer, le style aussi. Hillary Clinton a confirmé que la nouvelle Administration chercherait le dialogue avec l'Iran. Mais sur le fond, ne nous attendons pas à de grandes révolutions. L'acquisition par Téhéran de l'arme nucléaire reste «inacceptable». Les mollahs devront accepter de se l'entendre dire.