Les bons
points de George W. Bush
du 2 juillet
La chronique
d'Alexandre Adler,
À l'heure
où «l'Obamania» bat son plein, pourquoi ne pas dire tout
le bien que l'on pense de George W. Bush, sinon des huit années où il
eut à batailler contre le terrorisme ? Un certain nombre
de fausses évidences courent, en effet, sur le compte de l'actuel président.
La première de toutes est en train de se dissiper sous nos
yeux :
non seulement la destruction du régime baasiste irakien n'a pas été un échec pour les États-Unis, mais c'est même
en train de devenir un franc succès.
Tout d'abord, parce que Saddam Hussein avait bel et bien
organisé, à partir de ce qui lui restait
d'appareil d'État irakien, un soutien sans faille à
des opérations terroristes que l'Amérique ne devait pas tolérer davantage. Ensuite, parce que la transformation actuelle de l'Irak a une portée considérable
à moyen terme : les Irakiens ont voté librement
à trois reprises depuis 2003.
Ces élections libres ne sont pas encore pleinement pluralistes, certes. Elles auraient plutôt joué le rôle de recensement en grandeur réelle des trois grandes communautés du pays, mais elles ont
ainsi permis qu'émerge la véritable majorité politique qui existe en Irak.
Le précédent
aura servi au Liban et en
Palestine, avec des résultats certes dangereux, mais assumer ce danger ne vaut-il pas mieux que de continuer indéfiniment la comédie amère des régimes minoritaires au
Moyen-Orient ? Et bien, à Bagdad, ce sont des ayatollahs - bien plus dévoués à l'Iran voisin qu'aux
baïonnettes américaines qui
leur permettent de régner sans trop de problème - qui dominent la vie politique. Ce résultat,
d'apparence peu engageante, est en réalité capital en ce qu'il contraint en permanence les
ayatollahs moins éclairés
au pouvoir à Téhéran et à
Qom, d'arbitrer entre leur désir de développer rapidement une arme nucléaire et leurs obligations envers l'ensemble de la communauté chiite, c'est-à-dire à choisir une voie
moyenne entre l'alliance franche avec les États-Unis et l'antiaméricanisme militant.
Si George Bush a tardé à comprendre véritablement la portée du
bouleversement qu'il créait
ainsi dans la région, on doit lui reconnaître aussi, ces deux
dernières années, un engagement de plus en plus clair
envers Téhéran. La
publication, en 2007, d'une évaluation
de l'ensemble des services de renseignements
américains, laquelle minimisait les réussites
techniques de l'Iran en matière
de confection d'un engin nucléaire,
contestables qu'en soient les données, signifiait au moins que l'Amérique écartait toute solution militaire hâtive au problème, ce qui a tout de suite eu pour effet une
neutralisation des énergumènes
de Moqtada Sadr en Irak et l'obtention
d'un compromis raisonnable
au Liban, lequel a ensuite permis à Bachar al-Assad de se débarrasser
des aventuristes qui polluaient
son gouvernement.
Si l'on
considère plusieurs autres terrains de la politique internationale, on s'apercevra que George Bush y a mené constamment une politique modérée et efficace :
loin de chercher noise à la Chine, Washington a tout
fait pour résoudre le problème
de la bombe nord-coréenne sur
une base régionale consensuelle, et il y est largement parvenu, d'autant que l'indépendantisme
taïwanais a pu être réduit par une solution démocratique. Enfin, en combinant une approche non violente de la confrontation avec Chavez au Venezuela et un
appui financier et militaire
sans faille à la Colombie du président
Uribe, George Bush laisse à
son successeur une
situation considérablement améliorée
en Amérique latine, surtout si l'on
y ajoute la victoire des démocrates-chrétiens de Calderon au Mexique
ainsi que l'excellence des relations, notamment
économiques et technologiques
(la question de l'éthanol) avec le Brésil de Lula.
Pour le reste,
c'est-à-dire l'essentiel, on
constatera qu'en maintenant une croissance forte, et, en ce moment même, en évitant à l'Amérique la récession que l'explosion
de la bulle du subprime aurait
évidemment provoqué, George
Bush, puissamment aidé par
Bernanke et Paulson, son remarquable ministre des Finances, a rendu un
service inégalé à l'Europe
tout entière.
Colin Powell, Condoleezza
Rice, le déjà évoqué Hank Paulson, et le général Petraeus, en poste à
Bagdad, ainsi que Zalmay
Khalilzad, ambassadeur, véritable
patron de l'Afghanistan, apparaîtront
avec le temps comme de véritables
hommes d'État dont les résultats obtenus sont tout simplement impressionnants. Bien sûr, ce bilan
en forme de plaidoyer n'évoque pas les nombreux échecs de politique intérieure et, malheureusement, de
politique internationale - notamment une politique
antirusse à tous égards absurde -, mais nous voulions ici, dans ce
premier volet du bilan de l'Amérique, à la veille de la présidentielle, rappeler le vieux principe du droit romain, audiatur et altera
pars, en d'autres termes : laissez à l'accusé le droit de présenter sa cause.