Prendre la mesure!

 

Kinshasa, le 12/08/2009

 

La République Démocratique du Congo est le seul pays francophone visité par Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat américaine, dans le cadre de sa tournée africaine. Non sans raison. Le Président Kennedy, s’adressant de son vivant aux américains disait : ‘‘si nous (USA) n’avons pas de politique congolaise, nous n’avons pas de politique africaine. Une manière de souligner l’importance que l’Oncle Sam accorde au pays de Patrice Emery Lumumba, pivot incontournable dans les équilibres fondamentaux du continent noir. Les Etats-Unis d’Amérique avaient longtemps intériorisé le dicton de Fanon qui, lui, disait que l’Afrique avait la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo. C’est tout le sens qu’il faudra accorder à la visite de Mme Clinton en République Démocratique du Congo, laquelle présage le recadrage de la politique Africaine des Etats-Unis d’Amérique, avec une vision qui se veut discrète de Barack Obama. Fort piteusement, les congolais, eux-mêmes, n’ont jamais compris l’importance que le monde entier, à commencer par les africains, leur accorde. Des décennies durant, les compatriotes de Mobutu, de Kasa-Vubu, de Kabila I et II n’ont été que l’objet des moqueries de par le monde. Le sursaut d’orgueil tarde à secouer le Congo et ses dirigeants qui se font sermonner à longueurs des journées par tous ses visiteurs de marque. Tous pratiquement dénoncent la corruption, la mauvaise gouvernance, le non respect de droits de l’homme, le clientélisme, l’absence de leadership, l’absence de culture démocratique, le détournement des deniers publics, le bradage des richessesJusque à quand les congolais auront-ils les fronts courbés ? La question interpelle tout le monde. On ne le dira jamais assez, la politique internationale est dictée par le rapport des forces. Tant que sur le plan national, il n’y aura jamais de dynamique interne pour créer un équilibre avec les forces extérieures qui tiennent à collaborer avec les congolais, les rapports seront à jamais disproportionnels. Un Congo fort, fait des institutions fortes, sera à même de négocier, sur des bases équilibrées, avec ses partenaires extérieurs. Mais un Congo faible, divisé, fratricide, ayant des institutions corrompues, ne sortira jamais de l’auberge et sera toujours dominé, dépendant, sous-développé et arriéré, partant, exploité à souhait. Ce sera un bien sans maître chacun vient puiser au gré de ses intérêts, sans laisser rien aux pauvres congolais, clochardisés, dépouillés, chassés de leurs terres, errant comme des animaux dans la brousse. Aux congolais de prendre la mesure de la position géostratégique de leur pays, de son importance dans les équilibres fondamentaux du Continent et de se comporter en conséquence. Qu’allons-nous léguer aux générations futures ?