Les aventures
de Benoît XVI aux Etats-Unis
Par Iconoclaste
19 avril
2008
Depuis le 16 avril - date de son anniversaire -, le pape Benoît XVI est donc aux Etats-Unis pour un
voyage assez long (pour une
personne âgée) : une semaine. Et il n'y est
pas allé uniquement pour souffler les quelques bougies sur le gâteau offert par Dobeuliou (quel mauvais goût : la basilique Saint-Pierre fourrée de chocolat, de crème et
de fruits !), preuve du manque de culture de nos "amis" d'outre-Atlantique. Bonjour
la crise de foi(e) !
Le grand reporter du "Nouvel Obs", V. Jauvert, sur son blog, nous
l'affirme :
"Le pape est en campagne (subliminale) pour J. McCain".
Il nous apprend
que la visite officielle d'un pape "pendant
une campagne électorale très serrée" est "contraire à la tradition". Et que ce voyage, au-delà de la dimension spirituelle
et politique, est un prétexte pour appuyer le candidat "pro-life".
En effet,
les catholiques américains représentent un segment important,
pour ne pas dire primordial, de l'électorat.
Déjà en 2004, ils avaient soutenu majoritairement Dobeuliou (faisant ainsi la différence) parce que le président
de la Congrégation pour la doctrine de la Foi avait appelé
à voter contre le candidat - catholique ! - J. Kerry,
favorable à l'avortement. Le
président de la Congrégation
était à l'époque
le Cardinal J. Ratzinger, devenu
chef de l'Eglise catholique,
un an plus tard ...
Et le blogueur
cite : "Il avait écrit une lettre
ouverte aux évêques américains dans laquelle il affirmait
qu'on ne peut à la fois
défendre le droit à l'avortement et recevoir la communion, et que, donc, tous ceux
qui voteraient pour ce
Kerry, qui communie chaque dimanche, "seraient coupables de coopération formelle avec le diable"!
On ne
peut que l'admettre :
ce pape est
un pape de réaction. Favorable
à certaines visées traditionalistes (n'a-t-il pas célébré, il y a quelques semaines, une messe
selon le rite tridentin ? Ne dit-il
pas sa messe chaque matin en suivant ce rite
?), il a décidé de réaffirmer une certaine doctrine, celle d'avant Vatican II, celle de Pie
XII, celle du Cardinal Siri - ancien archevêque
de Gênes, plusieurs fois papable, connu
pour sa foi intransigeante et son anticommunisme
primaire.
On le voit
dans son accoutrement : il réutilise, régulièrement,
des habits anciens, des rites anciens,
des modèles anciens, des meubles anciens. Bref, le vieux a sa préférence...
Il trouve que le vieux est
beau. Et sous couvert de beauté, il renoue avec la tradition ecclésiale, au grand dam d'une bonne partie de l'Eglise de France et des laïcs, souvent interdits (pour ne pas dire consternés ou scandalisés) par les prises de décisions du souverain pontife.
Pour preuve
de cet attachement pour les
rites anciens et le respect qu'il
doit à Mgr Lefebvre (qui a tant fait mal à l'Eglise romaine, pourtant), il a nommé, il
y a quelques jours, un évêque auxiliaire à Nanterre, qui célèbre régulièrement la messe selon le rite de Saint-Pie-V
: Mgr N. Brouwet, prêtre à Neuilly... Faut-il
préciser que bon nombre de prêtres (et l'évêque de Nanterre) ont été interloqués
par cette nomination ?
Benoît XVI s'en moque éperdument : il est
là pour remettre en selle la tradition. Nous avions parfois des papes de transition, nous avons à présent
un pape de tradition. Pour preuve : la croix qu'il utilise avait
été rangée dans un placard depuis Paul VI, le
pallium qu'il porte autour du
cou a été confectionné sur un modèle quasi moyenâgeux, le trône pontifical - qui n'avait
plus été utilisé depuis le XIXème siècle - a été réinstallé... A quand le retour de la tiare ?
Alors, ce
pape a tout pour plaire à Dobeuliou et aux fondamentalistes chrétiens qui sévissent aux States. Le pape Ratzinger n'a pas compris qu'aujourd'hui,
ceux qui veulent tuer la foi catholique
ne sont pas les musulmans mais les intégristes évangéliques. Mais qu'importe, il partage
avec ces derniers les mêmes idées fondamentales,
les mêmes outrances religieuses, les mêmes condamnations de notre société moderne.
Evidemment, les plus réformateurs des cardinaux et des catholiques espèrent vivement que le règne de Benoît XVI ne dure pas trop longtemps... Non qu'ils espèrent le voir mourir mais, après la fin douloureuse de Jean Paul II, chacun,
dans l'Eglise de Rome, aspirait à un
peu d'air frais, à une
certaine jeunesse salvatrice afin de sauver l'Eglise et la faire renouer avec notre société. La rendre plus
intelligible et plus proche
des peuples.
Au lieu de cela, non content d'attrister de nombreux fidèles, Benoît XVI éloigne encore plus l'Eglise de nos sociétés. Avec
ses théories
rétrogrades, conservatrices,
il pense sans doute que cela
ramènera des brebis au bercail. Il se trompe,
bien sûr. Cela ne ramène
que les traditionalistes dans les rangs de Rome (ce qui est,
en fait, le vrai combat de ce
pape).
Et que
dire de ce silence assourdissant
sur les chrétiens d'Irak, régulièrement massacrés ?
Oh, certes, il célèbre des messes à
leur intention !... Mais il ne prend aucune
initiative pour les aider. C'est
logique :
il ne connaît
pas le Moyen Orient, ce problème le dépasse. Comme nous : nous sommes
dépassés par ce pape qui nous ramène,
régulièrement, cinq cents ans en arrière... "Jean
XVIII, reviens ! Benoît XVI est
devenu fou !"