Présidentielle américaine : Rick Santorum, l'ultraconservateur
de la primaire républicaine
Par Jean-Eric Boulin, à New York
02/03/2012
Ce catholique intégriste et passablement
allumé est la nouvelle coqueluche de l'aile droite du Parti républicain. Reste à savoir si Rick Santorum peut vraiment menacer Mitt Romney pour
l'investiture à la présidentielle.
Ne vous fiez
ni à son visage juvénile ni à son allure débonnaire. Nouvelle sensation des primaires
républicaines depuis ses victoires
dans le Minnesota, le Colorado et le Missouri, Rick
Santorum (53 ans) est un extrémiste. Catholique intégriste, il
est farouchement hostile
aux relations homosexuelles, qu'il
compare aux rapports d'un homme et d'un chien, et favorable à l'interdiction
totale de la contraception. Bien
entendu, il
appelle de ses voeux le retour des femmes au
foyer. Comme le dit l'un de ses
détracteurs, l'ancien sénateur de Pennsylvanie est l'un des plus brillants esprits du... XIIIe siècle.
Selon les derniers sondages, ces outrances
n'empêchent pas Santorum de faire la course en tête dans le Michigan (qui ont eu lieu le 28 février), en même tant que dans
l'Arizona, la prochaine primaire. Une défaite
de Mitt Romney dans cet État où il est
né et dont son père fut gouverneur
aurait un effet symboliquement dévastateur. Ne dispose-t-il pas d'un trésor de guerre plus de vingt-cinq
fois supérieur à celui de son rival (57 millions de dollars, contre 2 millions) ?
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Le secret de Santorum ? Il est
parvenu à rassembler derrière lui
la frange la plus radicale
de son parti, notamment les
chrétiens (protestants) évangéliques.
Pas un mince exploit pour un catholique.
Mais face à Romney, trop versatile - il fut proavortement avant de changer d'avis - et de confession mormone,
et à un Newt Gingrich jugé par beaucoup immoral - il en est à son troisième mariage -, le choix était vite
fait.
Lois divines
Il faut dire que Santorum n'a pas fait dans la dentelle, allant jusqu'à affirmer que les lois de la nation américaine devaient être conformes aux lois divines. Mais attention, pas
de n'importe quel dieu ! « L'idée d'égalité ne nous vient
pas de l'islam, mais du dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob », estime-t-il.
L'autre obsession de Santorum - qui, cela
va sans dire, est le chouchou du Tea Party - est d'empêcher toute intervention de l'État dans l'ordre naturel
de la société. Opposé, comme d'ailleurs Romney, au renflouement de General Motors et
de Chrysler, sauvés par Obama en 2010, il trouve légitimes
les inégalités de revenus, même les plus criantes. « Chaque individu,
dit-il, contribue différemment au développement de
la société. »
Anomalie
S'il venait à être élu, ce
doux illuminé promet de diminuer les dépenses publiques de 1 000 milliards
de dollars par an sur cinq ans, avec les effets qu'on imagine sur les programmes d'aide aux plus démunis. Ces derniers
devraient alors être pris en charge par... des institutions religieuses. À l'en croire,
les écoles publiques sont « une anomalie
». Avec sa femme, il a d'ailleurs éduqué lui-même cinq de ses enfants
(le sixième, âgé de 3 ans, est atteint
d'une grave maladie génétique qui ne lui laisse que
peu de chances de survie).
Mais Santorum a d'autres
arguments à faire valoir dans
les États économiquement sinistrés du Midwest où se tiendront des primaires dans les prochaines semaines (après le Michigan, l'Ohio
votera lors du Super
Tuesday du 6 mars, puis ce
sera le tour du Wisconsin). Ses
origines ouvrières, notamment. Il parle
à l'envi de ce grand-père italien ayant
émigré en Amérique pour travailler
dans les mines de Pennsylvanie.
Comme pour faire oublier que, pendant les quinze années qu'il a passé à
Washington, il a été un parlementaire très proche des milieux d'affaires. Romney ne se fait d'ailleurs pas faute de fustiger ce passé d'« insider ».
Pour (très)
hypothétique qu'elle soit, l'investiture de Santorum serait une excellente
nouvelle pour Barack Obama. Car les sondeurs le savent bien : un candidat extrémiste
n'a aucune chance de l'emporter en novembre.