Dommage!
Merci et
à bientôt. C’est assurément le titre de notre page une pour qualifier le parcours des joueurs algériens engagés en Coupe du
monde. Comment qualifier cette étape
quasi inattendue dans l’histoire de notre équipe nationale ? Un onze au départ hétéroclite – Algériens de la deuxième génération d’immigrés issue de divers horizons européens,
attachés profondément à leur
pays d’origine, l’Algérie –
qui a eu le mérite, vaille que vaille,
de donner de l’émotion que ce soit
à l’intérieur des résidences
cossues de Hydra, d’El Biar et de Moretti que dans les banlieues
difficilement nommables de Batna, Tlemcen, Souk Ahras, Annaba et Laghouat.
Nous
pouvons dire merci à ces petits hommes verts
venus pour la plupart d’Europe et d’ailleurs, qui se revendiquent,
à notre grand honneur, plus
Algériens que les Algériens, c’est-à-dire comme a eu à le dire Karim Ziani, « à 1000 pour cent
». C’est là un sentiment national honorable et légitime,
même si d’autres
vous rétorqueront que trois matchs
sans victoire et surtout
sans aucun but ne sont pas une performance digne de ce nom. Pourquoi conjecturer quand au départ, (il faut rappeler
cela aux plus amnésiques d’entre nous), il ne s’agissait que de se qualifier en
Coupe d’Afrique ? Puis il y eut
Le Caire sanglant et
encore, intensément vécu,
Omdurman inscrit désormais dans la légende de l’équipe nationale, qui a été, à notre humble avis, le plus
grand sursaut « populairement
spontané » depuis les revendications d’Octobre 1988. Sauf que cette
fois-ci, l’Etat Algérien était du bon côté de la barrière, apportant en sus son appui logistique…
Bref, éliminés hier de la Coupe du monde, mais ayant arraché pour le moins la reconnaissance du monde, nos
ambassadeurs du football ont
mieux réussi là où la diplomatie
locale échoue à donner une image vigoureuse des
positions politiques de l’Etat
national. Amoindris au niveau
international, les Verts (comme
on les surnomme de façon intime) ont donné
du jarret pour forcer le respect du monde arabe, du monde tout court…
Les Américains,
par exemple, qu’ils soient de Berverly Hills, du
Nebraska, de l’Ohio ou du
Bronx, ont été tenus en haleine par une petite équipe d’Algérie dont ils n’arriveraient même pas à en situer le point géographique. Aujourd’hui, c’est chose faite : ce que
la politique n’a pas réussi à instituer, le football l’a fait. Deux aspects dans cette
question. D’abord, les Verts
n’ont pas démérité au vu du
courage dont ils
ont fait preuve tout le
long du match, s’exposant, notamment
en deuxième période, à l’assommoir américain. Heureusement
sans grand succès. Jusqu’à
cette 91e minute… Succès, avouons-le, méritoire pour les enfants de l’Oncle Sam, même s’il y a eu
peu auparavant une porte
ouverte vers la légende pour Saïfi qui avait mis son coup de tête dans les bras du gardien américain…
Lot de consolation : on a perdu, certes, une excellente occasion de se mettre
en valeur de façon historique en passant au second tour, mais
les analystes et les consultants de tout bord (ils ont
proliféré à l’occasion de cette Coupe du monde dans les télés, les radios et les journaux)
vous diront qu’en revanche, l’Algérie a gagné « une équipe d’avenir
». Nous aimerions bien le croire car il
s’agira, dans cet avenir-là, d’aller au chaudron des stades pelés d’Afrique
et d’ailleurs. C’est là aussi (avec
ou sans Saâdane) une autre histoire que la chronique nationale ne manquera pas d’investir. A bientôt les Verts…
Par Omar Kharoum