Rien qu’un homme ...
Olivier Picard
DSK
dans la nuit, menotté dans le dos, sous les flashs des photographes.
La séquence fait irrésistiblement
penser à celle
de Lee Harvey Oswald, l’assassin de Kennedy, encadré par deux agents du FBI peu avant
son propre assassinat. Le parallèle n’est évidemment pas flatteur mais il est révélateur, à lui seul, de la déchéance de l’un des hommes les plus puissants de la planète. La trajectoire météorique qui a ramené le directeur du Fonds
monétaire international au rang d’un banal criminel percute forcément l’imaginaire universel. Qui n’a craint, tout au fond de lui-même,
la cruauté d’un destin détruisant en quarante-huit heures tout ce qu’une vie a construit ?
Depuis hier soir,
celui qui, samedi matin, était encore le favori de la présidentielle de
2012 n’est plus qu’un homme à la merci d’une procédure dont il n’est plus le maître. Que la justice punisse et répare,
c’est sa raison d’être. Mais, pour un prévenu
anonyme comme pour un VIP, rien ne l’oblige
à ajouter à l’épreuve de la
comparution et à celle de
la détention, le châtiment supplémentaire de l’humiliation. Hier le spectacle offert en
boucle par les télévisions du
monde entier a été tout à
la fois fascinant - presque hypnotique - et profondément écœurant. Il y a eu quelque chose de primaire et de sacrificiel dans l’exhibition complaisante d’une personne ravagée par sa propre histoire. Et qu’on ne nous
explique pas que l’exigence du droit
est difficilement
compatible avec le respect des prévenus !
Le plus triste
c’est qu’à première vue, les faits semblent accablants pour le prodige français de Washington.
Le déni de ses
amis - si on peut le comprendre - a quelque chose de choquant. À quoi
bon nier certaines évidences en tentant de rhabiller les... fragilités de leur champion du châle vaporeux de «l’amour des femmes»? Il ne s’agit tout de même pas comme on le dit sur Twitter d’une «simple histoire de braguette»,
mais d’un crime qui peut, aussi, ravager la vie de la femme agressée.
Le petit monde politico-médiatique parisien pourrait s’interroger sur sa fâcheuse tendance à minimiser, ou à tolérer, les comportements limite (fric ou
sexe ou les deux) de ses élites.
Depuis des années, le
personnel politique et nombre de journalistes étaient parfaitement au courant
des «petites faiblesses» de DSK.
Les dirigeants du
PS aussi, quoi qu’ils en disent. Mais au nom du respect de la vie privé, on a laissé faire, comme autant de péchés véniels. Et au bout du compte, on a pris consciemment le risque d’une catastrophe. Elle vient de se produire
avec l’explosion en plein vol d’un des prétendants à la fonction suprême que personne, semble-t-il
n’a eu le courage de protéger de lui-même. Il ne faudra
pas s’étonner si sa chute sidérante fracasse avec elle un peu plus la confiance des forces vives du pays envers
un personnel politique en retard sur
le peuple.