Embrassons l'aube ...
Olivier Picard
C'est le commencement d'une nouvelle décennie mais aussi
le vrai début du millénaire. Le XXe siècle, après tout, n'est mort que le 15 septembre 2008 avec la faillite de la banque Lehmann
Brothers. Et la gestation du XXIe
n'a eu lieu qu'en 2009 avec l'éveil d'une conscience écologique universelle. Deux ans, deux
crises, deux révolutions.
Tout a basculé. Et l'humanité a entrepris de se réinventer.
Bien sûr,
il faut
se méfier de cette vision allégorique, très occidentale - voire très française - qui magnifierait une interprétation romantique de l'accélération, bien réelle, de l'histoire contemporaine. Après tout, les bourses et
la finance internationale, euphoriques,
sont amnésiques et elles ont repris
leurs mauvaises habitudes
avec le réflexe de tout recommencer
« comme avant ». Quant à l'urgence environnementale qui
nous apparaît comme une évidence, elle
est beaucoup plus relative aux yeux
des Américains, des Chinois,
des Indiens et de tant d'autres pays pour lesquels la croissance économique, voire la survie immédiate, reste tout de même la première des priorités, «
comme avant ».
Prudence, donc. Mais un changement
fondamental s'est mis en mouvement et rien ne semble pouvoir l'arrêter. La déception de Copenhague, qui a répondu à des attentes sans doute irréalistes, ne doit pas faire oublier le réel progrès que
représente ce sommet :
pour la première fois 194 pays ont
accepté de se réunir pour évoquer ensemble l'avenir de leur planète commune. C'est flou, c'est
nettement insuffisant, c'est tragiquement lent. Mais c'est un
premier pas qui en entraînera d'autres,
de plus en plus rapides, comme
ceux d'un enfant qui apprend
à marcher.
Dans ce processus
fragile et à l'issue incertaine,
l'important, c'est la foi. Cette foi dans l'avenir que nous devons à nos enfants.
Il en faudra pour empêcher la folie des hommes de mener la planète à sa perte.
Pour combattre le cynisme,
le découragement et la peur. Car les craintes millénaristes sont bien là, omniprésentes
dans les esprits et dans le débat,
de la dilution de l'identité aux terreurs
de l'apocalypse climatique.
Parfois toniques mais souvent obscures, elles sont mauvaises
conseillères quand elles inspirent la méfiance, voire le rejet de tout ce
qui est différent, inconnu,
nouveau.
A trop les écouter, on finit par oublier que tout commencement est une
fête. « Demain » reste un mot magnifique et chaque nouvelle seconde nous l'offre. Ce matin,
moment de luxe, c'est 365 jours que nous avons devant nous pour lui donner de l'éclat.
365 aubes où ce journal, fidèle compagnon de nos quotidiens compliqués, sera un repère pour éclairer l'apparent désordre de
contradictions et de certitudes, d'espoirs et de désespoirs, d'enthousiasmes et de
colères, de murs et d'horizons qui feront l'actualité de 2010. Avec le souci, au delà
d'inévitables désaccords et
autres agacements qui sont le sel de la vie dans toute grande
famille, d'entretenir entre
nous ce lien si précieux, si respectueux,
si bienfaisant : le
dialogue. Bonne année à tous !
Édition
du Ven 1 jan.
2010