Européens et Américains à l'unisson
Jean-Claude
Kiefer
Écouté avec une oreille européenne, le discours de Barack Obama au Caire
n'a strictement rien de révolutionnaire. Voilà des lustres que les Européens disent la même chose, à savoir un
soutien inébranlable à Israël et la condamnation du négationnisme tout en soulignant
la « situation intolérable » subie
par les Palestiniens et en exigeant
la création d'un État palestinien avec pour préalable
le gel de la colonisation israélienne
en territoire occupé.
Ce qui est nouveau et rassurant est de voir désormais
Américains et Européens sur la même longueur
d'onde dans la problématique du Proche-Orient.
Face à deux poids lourds, on voit mal le gouvernement israélien actuel ne pas infléchir sa politique et revenir à la « feuille de route »
devant aboutir à un État souverain palestinien sur toutes ses terres
de Cisjordanie. D'ailleurs,
les félicitations du Quai d'Orsay et de Javier Solana
ne trompent pas : avec les États-Unis, il est désormais possible d'aller de l'avant, également pour le plus grand bien
d'une politique euro-méditerranéenne qui ne deviendra vraiment réalité que dans un monde arabe apaisé, sans les extrémistes islamistes qui se nourrissent de l'éternel conflit israélo-palestinien.
Certes, écouté avec une oreille américaine,
les propos de Barack Obama marquent un vrai changement. Ils tranchent des discours de George W. Bush qui, dans
la logique du « choc des civilisations
» de l'après 11 septembre
2001 confondait la « démocratisation
» des pays arabes avec les bombardements
de l'Irak, la défense des droits de l'homme avec la légalisation de la torture à Abou
Grahib ou Guantanamo. Islam
devenait synonyme de terrorisme...
Barack Obama s'évertue
à lever cet amalgame, surtout à l'intention de son opinion
publique. Mais on ne juge pas à l'aune des discours, seulement sur les faits. Sans doute faudra-t-il encore beaucoup
de temps pour rétablir la confiance
entre l'Orient musulman et l'Occident de tradition chrétienne
mais largement laïcisé, en levant tous les préjugés de part et d'autre.
Néanmoins, l'intention existe. Et c'est déjà beaucoup trop pour les
extrémistes dont le fond de
commerce est la confrontation permanente.
Al-Qaïda et le Hamas l'ont
déjà fait comprendre en rejetant
la main tendue aux musulmans.
Que dire aussi de ces colons israéliens extrémistes défilant hier contre « Hussein » Obama, en
insistant sur le deuxième prénom musulman du président américain ?
La paix, impossible
sans concessions de part et d'autre, est malheureusement ce qu'il y a de moins logique au Proche-Orient...
Édition
du Ven 5 juin 2009