Obama ou McCain : pas
d'illusions
Jean-Claude Kiefer
Si les Européens votaient le
4 novembre, Barack Obama serait certainement le prochain président des
Etats-Unis. Question de charisme sans doute, de l'attrait de la nouveauté
également, tant le sénateur de l'Illinois se démarque de la classe politique
américaine « standard ». Et par tout son être, pas seulement en raison de ses
origines afro-américaines.
Mais le choix incombe aux Américains,
apparemment de moins en moins sensibles à cet « effet Obama » puisque le
candidat démocrate, longtemps en tête dans les sondages, est désormais au coude
à coude avec le républicain John McCain. A cause, justement, de son aspect «
hors normes » ? Le choix de Joseph Biden comme colistier à la vice-présidence
répond à la question. Voilà un vieux briscard connu pour ses gaffes mais
sachant tirer toutes les ficelles politiques sans jamais faire de vagues, en
quelque sorte l'antonyme de Barack Obama. Bref, l'homme qu'il faut pour montrer
que l'Amérique restera égale à elle-même.
Vu d'Europe, un « ticket » Obama-Clinton
aurait eu plus d'éclat. La sénatrice de New York a-t-elle souhaité ce tandem ?
Curieusement, et contrairement aux usages, la Convention de Denver va accorder
une large place à Hillary Clinton, entourée de ses délégués. Après force
négociations avec le parti, elle a même obtenu le privilège de tenir un « one
woman show » pour exposer ses idées. Comme si Hillary Clinton préparait déjà
l'avenir à l'échéance 2012, au cas où Obama ne serait pas élu...
A la limite, d'un point de vue européen, peu
importent ces subtilités de la politique américaine. Le futur président des
Etats-Unis, comme ses prédécesseurs, défendra exclusivement les intérêts de son
pays, en économie et en diplomatie. Tant mieux, si ces intérêts coïncident avec
ceux de l'Europe. Tant pis, si ce n'est pas le cas : Paris, Londres ou Berlin
n'empêcheront jamais Washington d'agir à sa guise. On le sait outre-Atlantique,
et on sait aussi que, de toute façon, les Européens suivront. Par lassitude de
vieilles nations, par manque de dirigeants politiques d'envergure : qui
aujourd'hui en Europe oserait dire non à une nouvelle aventure irakienne ?
Restent cependant des espoirs... ou des
souhaits. Par exemple, que l'Amérique d'un John McCain ou d'un Barack Obama
change de ton. Qu'elle cesse de pousser à de vaines confrontations au nom de la
défense de la démocratie toujours mise de l'avant là où des intérêts
économiques, principalement pétroliers, sont à préserver. Qu'elle traite ses
alliés européens en partenaires.
On peut toujours rêver.